LA GENÈSE DE DOCTOR WHO

Le début des projets
Remontons le temps, nous sommes en mars 1962, nous nous rendons au centre télévisuel de la BBC de White City. À cette période, Donald Baverstock, contrôleur des programmes de la BBC, fit une demande assez spéciale, penser à créer une série originale de science-fiction. C’est à ce moment que la série que nous connaissons va commencer à naître dans les couloirs de la BBC. C’est suite à cela que le chef du département des créations originales, Donald Wilson, réalise une étude sur les possibilités qu’une série de science-fiction puisse voir le jour à la demande de sa hiérarchie. Ce rapport défendit l’intérêt qu’aurait la BBC à diffuser une série adaptée de la littérature. Ce n’est que vers juin 1962, que le rapport arriva à Donald Wilson, qui lui, rendit un rapport plus qu’élogieux sur l’idée qu’une série de ce type puisse être créée, à condition de traiter des idées originales comme des voyages dans le temps.

Il lança ainsi un projet d’écriture sur les bases de cette série. Ce rapport stipulait l’absence de monstres globuleux et autres robots cubiques, car la série devait être destinée au jeune public, afin de l’instruire sur l’histoire et les sciences. C’est le début de l’émergence de la série, il ne reste plus qu’à trouver la bonne occasion pour lancer la production. Cependant, avant de trouver les moyens de lancer cette série, plusieurs mois s’écoulèrent. Ce fut seulement vers mars 1963 que Donald Baverstock et Joana Spicer tentèrent de remplir le trou qu’il y avait entre deux émissions afin de ne pas perdre le public.

La création de la série
Mais ce n’est seulement que vers mars 1963 qu’un rapport fut écrit par Donald Wilson à propos d’une commande d’une nouvelle série. Ce dernier, accompagné d’un nouvel arrivant, Sydney Newman, responsable des programmes, a eu pour mission de trouver une série qui pourrait facilement combler un trou de vingt-cinq minutes entre l’émission musicale pour enfants « Juxes Box Jury » et l’émission sportive « Grandstand ». Il devait aussi tenir durant toute l’année, afin de garder l’audience entre les deux émissions. Malgré les réticences de certains membres de la BBC, craignant que la science-fiction ne soit pas si populaire. Les notes de conception de la série sont revenues d’entre les mains de Donald Wilson. Mais il fallait que la série puisse par contre s’adapter facilement à la télévision. Des réunions eurent lieu le 26 mars et le 29 mars 1963 et fixèrent ainsi les éléments cités plus bas.

La consigne était claire : il fallait que la série comporte huit arcs comprenant environ chacun six épisodes, afin d’être retransmise durant toute l’année en début de soirée. Il fallait un cliffhanger à la fin de chaque épisode, afin de tenir en haleine le téléspectateur. Il y ajoute également le personnage principal, un jeune homme intelligent, ainsi qu’une jeune femme brillante et un homme mature. C’est le début de la création des personnages d’Ian et Barbara. Plus tard, un nouveau rapport officialisa la création de la série. Cette fois, le papier nota que le personnage principal s’appellerait le Dr Who, un vieillard à bout de force perdu dans l’espace-temps, loin de ses semblables. Il s’appelait ainsi, car personne ne savait vraiment son nom. À la fois avide de savoir et d’apprendre, il est noté qu’il serait également très manipulateur. Emballé par tout cela, Sydney Newman tenta d’accélérer les choses et engagea Rex Tucker comme producteur provisoire, et Mervyn Pinfield. Le tournage du premier épisode devrait avoir lieu au début de juillet 1963 et être diffusé à la fin du même mois. Cependant, plusieurs éléments vinrent freiner la production : la motivation du personnel responsable des décorations, le casting des acteurs, ainsi que des éléments des rapports qui bloquèrent l’aboutissement des éléments.

Quelque temps passa et d’autres informations vinrent étoffer les rapports précédents. Il était maintenant prévu d’avoir quelques autres personnages, d’abord Bridget, une jeune fille de 15 ans, avide de savoir et d’apprendre, se mettant dans toutes sortes de pétrins, accompagnés de deux enseignants. Il y aurait aussi Lola qui est timide, mais qui peut faire preuve d’un énorme courage quand cela s’avère nécessaire et toujours prêt à aider son prochain. Puis Cliff, homme fort et intelligent, qui va de l’avant. Il est inscrit également que le Docteur possèderait un vaisseau lui permettant de voyager dans l’espace-temps. Un rapport qui semble déjà ressembler à ce que nous connaissons aujourd’hui, mais à quelques exceptions. Ce n’est que peu de temps après la sortie du rapport que des corrections furent ajoutées, changeant ainsi le nom de trois personnages, Susan, pour l’adolescente, Barbara et Ian pour les enseignants, mais gardant toujours leurs caractères de départ. Le vaisseau devint une boîte de police qui peut se dissimuler dans son environnement grâce à un système d’adaptation. Toutefois, pour éviter les dépenses inutiles, ils décidèrent de trouver une solution quant au système de caméléon du vaisseau, pour éviter les couts que cela imposerai. On inventa donc un système défaillant, et la boîte de police resta telle quelle.

Verity Lambert, une jeune débutante dans le monde de la télévision, qui avait déjà travaillé avec Sydney Newman pendant la période où il était sur la chaine américaine ABC, fut choisie en tant que productrice en chef de la série. L’ajout de Verity Lambert n’était pas un choix sans raison. En effet, Sydney Newman voulait changer les idées et les habitudes reçues à la BBC. De ce fait, il décida de donner un rôle important à une femme, en dépit de beaucoup de personnes au sein de son entourage professionnel. Les rumeurs étaient courantes, et même parfois très violentes. Cependant la persévérance et l’audace de Verity Lambert permirent de la mener au plus haut poste que pouvait souhaiter n’importe quel producteur, avoir la production d’une nouvelle série télé. Elle s’ajoutera ainsi à Mervyn Pinfield, le producteur associé, et Rex Tucker, le producteur de transition, en attendant le producteur en chef permanent. On notera aussi la présence importante de David Whitaker, en tant que superviseur des scriptes. David Whitaker travailla en collaboration avec Verity Lambert et Waris Hussein, et ce, durant la majorité des épisodes des saisons suivantes.

La préproduction
Plusieurs scriptes alternatifs d’épisodes furent écrits pour l’épisode pilote. Ainsi C.E. Webber écrivit un scénario où le Docteur et les compagnons se trouvèrent miniaturisés suite à une erreur de manipulation dans les commandes du TARDIS. Cependant, jugé trop complexe et coûteux par Sydney Newman, ce dernier choisit alors le scénario d’Anthony Coburn qui parlait d’un voyage dans la préhistoire à la rencontre d’hommes des cavernes. Coburn devint ainsi le premier scénariste de la série. La production choisit ensuite comme réalisateur un jeune indien du nom de Warris Hussein, débutant comme Verity dans le monde de la télévision.

En outre, une amitié profonde se développa entre eux et persista après la fin de leur aventure télévisuelle. La série qui est en production a droit à plusieurs scriptes d’épisodes, dont Sydney Newman a donné la charge à Verity d’arranger le planning et le genre d’histoire à mettre en place. C’est pour cela que la productrice choisit dès le début : John Lucarotti pour une histoire qui se passera dans le passé, Terry Nation pour une histoire qui se déroulera dans le futur et David Whittaker pour un épisode de transition. Le planning des quatre premiers épisodes de la série est né ! John Lucarotti pour « Marco Polo », Terry Nation pour « The Daleks » et David Whittaker pour « The Edge of Destruction ».

La création des sons
L’équipe de production fait appel au compositeur australien Ron Grainer. Il avait déjà travaillé sur la série télévisée « Le prisonnier », sur laquelle il composa la musique du thème principal. C’était le compositeur de la plupart des séries britanniques de l’époque. Il fut approché par la BBC pour composer les musiques de la nouvelle série de science-fiction « Doctor Who ».

On ajouta à l’équipe du son, Delia Derbyshire et Brian Hodgson, pour l’aider à réaliser le thème principal. C’est à eux deux que l’on doit le générique électronique aussi légendaire, créé avec des technologies de pointe pour l’époque. Pour concevoir le générique à l’aide de tout nouveaux synthétiseurs commerciaux, ils ont dû créer chaque note individuellement et les ajuster en terme de vitesse ou de ralenti en fonction du rythme du générique. Après avoir pu jouer les notes précises, ils ont répété les sons encore et encore pour créer l’enchaînement que l’on connait dans le premier épisode et qui est utilisé jusqu’à aujourd’hui. Un arrangement qui navigua à travers tout l’espace-temps !

Les autres bruitages furent également créés par eux. Le bruitage du TARDIS fut d’ailleurs créé grâce à la clé de maison de Brian Hodgson, qu’il frottait aux cordes des synthétiseurs. D »autres sons furent créés par Delia Derbyshire et Brian Hodgson, comme le son à l’intérieur du vaisseau ou encore d’autres bruitages mêlés aux sons conservés dans leurs archives. S’ajoutèrent à eux divers compositeurs extérieurs qui ont également composé des musiques, comme par exemple : Les Structures sonores, groupe musical français, qui ont plusieurs fois participé à l’élaboration d’autres effets sonores de la série.

La création visuelle
Début août 1963, le vortex du générique de début était un sujet majeur dans les bureaux de Bernard Lodge et Norman Taylor. Bernard Lodge ne savait absolument pas quoi créer pour une série de science-fiction. Les scriptes étant peu complets quant à la teneur du générique. Vers la mi-août 1963, il ne se découragea pas, et lorsqu’il approcha deux caméras l’une en face de l’autre, il s’aperçut des jeux de lumière que cela engendrait. Il affirma que cela ressemblait à des battements d’ailes de papillons.

Le vortex faillit en outre arborer le visage du Docteur, mais, à l’époque, la qualité du résultat n’était pas suffisante. De plus, il était affiché de manière beaucoup trop sobre, ce qui donnait une image plutôt effrayante, inadaptée à un jeune public. Il fut abandonné et resta tel qu’on l’a connu lors de sa diffusion originale. Cependant l’idée fut reprise pour l’ère du second Docteur, et connut un succès tel que la majorité des génériques eurent par la suite le visage du Docteur, et ce, encore aujourd’hui.

La création des décors
Toujours pendant la moitié du mois d’août 1963, les décors arrivèrent avec la création de la boîte de police, ainsi que l’intérieur de cette dernière. Le décor extérieur du TARDIS s’inspire des cabines de police existant déjà à l’époque, puis fut remodelé et adapté pour la série. Cependant, le décor intérieur a été créé par Peter Brachacki. Il dut créer le décor intérieur avec un budget extrêmement serré, et avec un calendrier très rempli. Ce qui conduisit au désintérêt désinvolte du décorateur pour l’intérieur du vaisseau. Un comportement qui provoqua de nombreuses tensions entre l’équipe de production et l’équipe modélisatrice. Le sentiment était tel que certains pensaient que c’était impossible à réaliser pour l’équipe chargée de cette tâche. Mais le décor fut créé légèrement en retard, avec une conception de base : une console, un mur avec des « machins ronds », et un porte-manteau, et des portes coulissantes.

Le casting des acteurs
Le casting commença en juin 1963 avec un tournage espéré début juillet, mais sans succès. Verity Lambert recommença alors le casting à zéro. Rex Tuker voyait d’un mauvais œil les initiatives de la jeune productrice. L’équipe de production n’avait pas la tâche facile, et vers la moitié du mois d’août 1963, ils tentèrent de trouver le rôle principal de la série. Beaucoup de choix s’offraient à eux, comme Leslie French, Cyril Cusack, Alan Webb, Geoffrey Bayldon, Hugh David ou encore William Hartnell.

Après avoir tenté en vain de contacter les cinq premiers et après que chaque acteur ait décliné l’offre, certains de manière polie, d’autres de manière plus poétique, l’équipe fit appel à William Hartnell. Il fut repéré par Verity Lambert en partie pour son rôle dans « The Army Games ». Les principales raisons étant souvent le rythme éreintant du tournage. Il a une longue carrière télévisuelle, surtout dans des rôles autoritaires, et fut celui qui, selon elle, était l’acteur parfait pour le rôle. Bien que réticent au départ à travailler pour la BBC pour une série pour enfants, il accepta l’aventure qui changera ainsi sa vie.

Après avoir choisi l’acteur principal, il fut temps de choisir les autres personnages. Début du mois de septembre 1963, Phyllida Law et Penelope Lee furent envisagées. Mais rien n’aboutit. Barbara fut choisie par Verity Lambert grâce à leur amitié. Connaissant depuis un certain temps l’actrice, elle trouvait que le rôle pourrait lui aller comme un gant.

Pour Susan, ils envisagèrent Jackie Lane, Waveney Lee, Anna Palk, Anneke Wills. Mais aucune ne réussit les auditions. C’est alors que Warris Hussein repéra Carole Ann Ford dans les couloirs de la BBC. Cette dernière agissait comme le personnage de Susan et c’est ainsi qu’elle obtenu le rôle. L’acteur qui joua Ian, William Russell, fut approché grâce à sa carrière dans la télévision et pour ses différents rôles dans certaines séries phares comme Sir Lancelot. Il accepta directement.

Les réticences des membres du personnel
Malgré l’enthousiasme de l’équipe de programmation, la série dut faire face à de nombreuses réticences venant de certains membres de la BBC. Notons par exemple, le désintérêt de l’équipe décoratrice de la BBC. De par ce comportement, découlait ainsi un retard sur la construction du décor du TARDIS. Les excuses généralement données étaient que la science-fiction n’était pas très populaire à l’époque. Ensuite, Verity Lambert qui était celle qui avait le plein pouvoir sur la nouvelle série favorite de Sydney Newman et Donald Wilson, était une femme. Une position qui était très difficile à admettre. En effet, une femme qui avait autant de pouvoir à l’époque était très mal perçue par la plupart des membres masculins de l’équipe de la BBC.

Verity Lambert a pu compter sur l’aide et le soutien de son producteur associé, Mervyn Penfield, tout au long de la création de la série, et après son lancement. À cause de grandes divergences d’opinions et parce qu’il n’arrivait à s’entendre sur aucun point avec les autres membres de l’équipe, Rex Tucker décida de quitter la production de la série en fin août 1963. On notera aussi les studios de tournages accordés par la BBC pour la série. Des studios vieillots aux problèmes multiples : un extincteur qui se déclenche automatiquement sans raison, une température ambiante constante trop basse, et une taille ridicule du studio par rapport aux besoins de la série.

Le tournage du premier épisode
Le tournage du premier épisode eut lieu, à partir du jeudi 19 septembre 1963, dès 9h30 du matin, afin de tourner la dernière scène, celle de l’atterrissage du TARDIS à la préhistoire. Le tournage se déroula à Limegrove, où fut attribué le studio D. Un studio malheureusement très désagréable dû aux problèmes d’agencements, et aux problèmes électriques, causant ainsi une chaleur étouffante, déclenchant même certaines fois les extincteurs en plein tournage.

Le premier épisode fut tourné en à peine une semaine. Sydney Newman fut appelé pour visionner les images de l’épisode. Il fut terriblement déçu. Il appela les deux jeunes responsables, Verity Lambert et Warris Hussein, pour les confronter lors d’un dîner au restaurant. Alors qu’ils auraient pu être virés et que la pression était maximale, Sydney Newman leur donna une nouvelle chance mais leur donna tout de même son avis. Pour commencer, il n’aimait pas le générique qu’il trouvait bizarre, que ce soit au niveau visuel ou sonore. Mais Verity Lambert garda le générique. Aussi, le personnage du Docteur était beaucoup trop méchant et froid, et des détails comme l’époque auxquels il appartenait et leurs origines étaient trop vagues.

Sydney Newman insatisfait décida de recommencer le tournage de l’épisode. Un fait qui déplut d’ailleurs à la BBC, car cela allait couter trop cher. Mais Sydney fit pression et ce fut accepté. Ils commencèrent le tournage du premier épisode à la fin octobre 1963 et se poursuivit jusqu’à la mi-novembre pour les trois épisodes suivants.

Pendant le tournage de la série, William Hartnell était quelqu’un de très précis. Il ne supportait pas l’incertitude. Il insistait sur le fait qu’il devait y avoir un endroit précis pour chaque fonction sur le vaisseau. Il disait qu’il ne fallait pas ouvrir les portes du vaisseau avec le même bouton qui avait détruit un appareil en le faisant exploser. Les enfants risquant de s’apercevoir qu’on essayait de les tromper sur ces sujets là, chose qui était inconcevable pour lui. William Hartnell était très charismatique et travailleur, et voulait que les choses se passent sans aucune faille. Ces détails furent entendus également.

Les réticences de la BBC
Commençons d’abord vers octobre 1963, pendant le tournage du premier arc, où la production vécut les pires moments. Donald Baverstock envoya un rapport disant que la série était hors de contrôle et les couts étaient beaucoup trop élevés. En effet, vu que seul le premier épisode avait été écrit, La BBC n’était pas satisfait et trouvait l’avancement trop lent. Il fut décider de demander à la direction de programmes de choisir une autre série à la place de « Doctor Who ». Ce fut grâce à la ténacité de Donald Wilson que la série fut maintenue. La production fut convoquée, et un contrat fut signé, fixant le montant de production à 2 500 £ par épisode.

Quelques mois auparavant, en juillet 1963, pendant la préproduction, Verity Lambert avait fait appel à Terry Nation pour écrire le prochain arc de la série, en même temps que l’arc de Marco Polo écrit par John Lucarotti. Un épisode qui devait se dérouler sur une planète déserte dans un futur très lointain où une race extra-terrestre très étrange et cruelle devait se créer. Ce fut l’arrivée des Daleks. Mais une fois que le tournage du premier arc fut terminé, il était temps de planifier les autres histoires. Donc, vers novembre 1963, la productrice dû rendre les scriptes des futurs épisodes. Ainsi l’arrivée imprévue de ces monstres n’a pas plu à Sydney Newman, puisque la série prévoyait de ne pas insérer des monstres globuleux.. Sydney Newman fut donc longtemps réticent, prétextant que cette ridicule histoire de Daleks était de la mauvaise science-fiction et que cela ferait couler la série. Cependant, la persévérance de Verity Lambert permit à Sydney Newman de quand même tenter le coup. L’épisode fut programmé et le tournage commença début décembre 1963.

La programmation de la série
Après avoir tourné l’arc, Sydney et l’équipe de production allèrent visionner l’épisode en studio. Après avoir donné un avis positif, Sydney Newman contacta la production pour décider d’une date de diffusion. La direction de la programmation décida de fixer la programmation de la série, les samedis soirs, comme c’était prévu à la base afin de combler le vide vers 17h. La date du samedi 23 novembre 1963 fut donc choisie pour être le point de départ.

La diffusion de la série
Le vendredi 22 novembre 1963, durant la soirée, le président John Kennedy se fait assassiner, la veille de la diffusion du tout premier épisode. Le premier épisode atteignit, de ce fait, un score d’audience très en dessous de l’acceptable, puisque la population était collée à son écrans pour suivre les informations. Verity Lambert demanda de rediffuser la première partie de l’épisode entièrement, le jour de la diffusion du deuxième.

Ce jour-là, la série dépassa plus de six millions de téléspectateurs pour suivre ces hommes des cavernes. Après une diffusion triomphante lors de la première année, la série continua sur la voie éducative et fictionnelle, se détachant au fur et à mesure pour arriver vers la troisième année à diffuser majoritairement de la science-fiction pure et dure.

Mais une fois les quatre premiers épisodes diffusés, la saga des Daleks allait faire prendre un autre tournant à la série, les épisodes furent suivis par pas moins de onze millions de téléspectateurs. Un sacré record pour l’époque. La série a également, dans sa réussite notoire, l’honneur d’avoir fait changer à jamais l’acteur William Hartnell, qui a eu à l’apogée de sa carrière son plus grand rôle jamais joué. Un rôle qui l’a à jamais marqué, pour l’avoir changé radicalement, d’un homme assez viril à véritable papa poule.

Un éclair de génie
Après trois belles années, l’équipe de production, voyant le succès grandissant de la série, vit le désir de la faire perdurer dans le temps. C’est là qu’arrive un éclair de génie, vers mars 1966, peu avant le tournage de « The Celestial Toymaker ». Le concept fut abordé pour la première fois par John Wiles, le nouveau producteur de la série depuis le départ de Verity Lambert. En effet, William Hartnell avait déjà eu plusieurs affrontements entre les acteurs et les producteurs de la série, et il voyait sa carrière compromise à cause de sa santé qui se fragilisait de jour en jour, causé par une artériosclérose et une addiction à l’alcool. John Wiles décida alors d’aborder avec Gérald Savord, chef des éditions de séries, le concept de changer d’acteur durant le tournage du deuxième épisode du nouveau bloc de tournage de la nouvelle saison : « The Tenth Planet ». Notons aussi qu’une légère baisse d’audience faisait craindre un désintérêt pour la série.

C’est vers la mi juin 1966, avec l’arc « The Smugglers », qu’Innes Lloyd, producteur, réussit à convaincre William Hartnell de céder sa place à un nouvel acteur. Il lui expliqua qu’étant donné que le Docteur était un extra-terrestre, il avait des capacités que les humains n’avaient pas. Il pouvait donc changer de corps quand ce dernier était malade ou mourant. Le concept fut accepté et approuvé par l’acteur. Lorsque William Hartnell partit en vacances au milieu du tournage de « The Tenth Planet », ce dernier laissa un blanc de deux épisodes, sans son personnage, afin de se remettre de son état de fatigue. John Wiles prit la décision qu’à la fin du deuxième épisode, il pourrait introduire un nouvel acteur.

Le casting commença fin juin 1966, où l’équipe décida de faire appel à l’acteur Patrick Troughton, qui avait déjà été préposé pour un rôle dans la série auparavant dans « The Gunfighters ». Après plusieurs discussions, l’acteur accepta le rôle. Ils tournèrent la scène de régénération en dernier où les deux acteurs se positionnèrent au même endroit, et des lumières dans l’objectif des caméras donnait cet effet particulier à la régénération. C’est la fin d’une ère : celle de William Hartnell.


Source : BBC Archives

Dernière mise à jour faite le 30 avril 2025
Page écrite par Maxim Rixhon